La 16e Conférence des Parties (COP 16) à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification a eu lieu à Riyad (Arabie Saoudite), du 2 au 13 décembre 2024. Elle a réuni 196 pays ainsi que l’Union européenne, mais les négociateurs ne sont pas parvenus à conclure un accord contraignant.
Cette COP 16 était la plus grande et la plus diversifiée
Cette COP a réuni plus de 20 000 participants, dont environ 3 500 issus de la société civile, et a proposé plus de 600 événements dans le cadre du premier Programme d’Action visant à impliquer les acteurs non étatiques dans les travaux de la Convention.
Parmi les principaux résultats, l’établissement de deux caucus distincts pour les peuples autochtones et pour les communautés locales a été salué. Ces initiatives visent à garantir que les perspectives des populations souvent marginalisées soient prises en compte dans les discussions mondiales sur la gestion des terres et de la sécheresse.
La question du genre a occupé une place centrale, avec des engagements pour s’assurer que les femmes et les filles, qui sont souvent les plus vulnérables face à la dégradation des terres et à la sécheresse, soient pleinement intégrées dans les processus de décision et les politiques liées à la gestion des terres. De plus, la conférence a mis en avant l’importance de donner une voix plus forte aux jeunes dans les discussions sur l’avenir des terres et du climat.
Cette COP représentait par ailleurs un enjeu important pour l'Arabie Saoudite, pays hôte, qui souhaitait se servir de cet évènement pour se positionner comme un acteur environnemental majeur. Le pays a pourtant refusé de faire apparaître dans la déclaration finale le lien entre désertification et changement climatique.
Même sans accord contraignant, des progrès ont été réalisés
Au terme de deux semaines de négociations intenses, les États ont pris des engagements pour intégrer la restauration des terres et la gestion de la sécheresse dans leurs politiques nationales et la coopération internationale. Plus de 12 milliards de dollars ont été promis pour soutenir des projets dans les pays les plus vulnérables, tout en soulignant l'importance de la résilience climatique pour la sécurité alimentaire.
Un autre objectif majeur de la conférence a été la préparation d’un futur régime mondial de gestion de la sécheresse, qui sera finalisé lors de la COP 17 en Mongolie, en 2026. Cette rencontre devrait mettre en lumière les défis spécifiques liés à la gestion des parcours, qui couvrent 50 % de la surface terrestre et sont essentiels à la sécurité alimentaire mondiale. L’importance de préserver ces écosystèmes, souvent négligés, sera au cœur des discussions, tout comme les solutions pour lutter contre la dégradation des sols et la sécheresse dans les zones arides du monde.
L’action mondiale pour la Grande Muraille Verte et les systèmes agroalimentaires durables
Les initiatives comme la Grande Muraille Verte (GMV), lancée pour restaurer 100 millions d’hectares de terres en Afrique, ont également reçu un soutien financier, avec l’engagement de fonds internationaux, dont 12 millions d'euros du gouvernement italien et 3,6 millions d’euros du gouvernement autrichien pour les pays du Sahel. Par ailleurs, la conférence a vu des contributions pour renforcer les systèmes agroalimentaires durables, comme l'initiative Vision pour les Cultures et Sols Adaptés (VACS), soutenue par les États-Unis et plusieurs partenaires.
La position européenne
l'UE a adopté une position proactive en matière de gestion de la sécheresse, soulignant l'importance de renforcer la résilience face aux phénomènes climatiques extrêmes. Elle a plaidé en faveur de mesures visant à améliorer la résistance à l'eau, une approche qu'elle considère comme essentielle pour lutter contre la désertification et la dégradation des sols. Ces actions, selon l'UE, permettraient de garantir l'autonomie stratégique, la compétitivité et la sécurité de ses États membres. Ces deux notions deviennent de plus en plus importantes : la compétitivité est au coeur du rapport Draghi et la sécurité sera le mot clé de la prochaine présidence polonaise du Conseil de l'UE. Par ailleurs, l'UE a annoncé sa participation au sommet "One Water", organisé en marge de la conférence, axé sur la coopération mondiale en matière de résilience de l'eau. Cet engagement s'inscrit dans la stratégie de résilience de l'eau de l'UE, alignée sur les priorités de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et prépare le terrain pour la conférence des Nations unies sur l'eau prévue en 2026.