Le mercredi 18 avril, la Commission européenne et l'OCDE ont publié un rapport qui recense les principaux obstacles à l'intégration des migrants et apporte des recommandations concrètes aux autorités locales et régionales en charge de ces sujets.
L'OCDE a ainsi étudié le cas de 9 grandes villes européennes (Amsterdam, Athènes, Barcelone, Glasgow, Göteborg, Paris, Rome et Vienne), ainsi que la ville plus petite d'Altena en Allemagne, afin d'évaluer l'efficacité de leur réponse face à ce défi - ce qui a été fait, ce qui a fonctionné et ce qui aurait pu être mieux fait. L'OCDE a par ailleurs observé 61 autres villes, ainsi que des associations de villes comme Eurocities. Ce rapport met en avant 12 points clés auxquels pourront se référer les décideurs politiques et les praticiens aux niveaux local, régional et national afin de mettre en oeuvre des politiques publiques efficaces pour l'intégration des migrants. Ces recommandations concernent les différents services publics:
- Améliorer la coordination des politiques publiques intégrées entre les différents niveaux de gouvernance
- Améliorer la cohérence des politiques publiques intégrées pour répondre aux besoins des migrants
- Utiliser efficacement les ressources financières allouées au soutien local
- Mieux prendre en compte les changements dans la durée des politiques d'intégration
- Réduire la séparation entre les migrants et les natifs
- Augmenter la capacité des services publics à répondre aux besoins des migrants
- Renforcer la coopération avec la société civile et les entreprises
- Améliorer la récolte de données sur les politiques publiques efficaces
- Améliorer la mise en relation des migrants avec des offres d'emploi locales correspondant à leur profil
- Assurer l'accès à un logement décent
- Faire correspondre les prestations des services publics aux besoins des migrants
- Établir des réponses éducatives aux problèmes de ségrégation et assurer un accès équitable au développement professionnel
Corina Crețu, commissaire chargée de la politique régionale, s'est elle exprimée en ces termes: «La migration est dans une grande mesure une question urbaine qui se pose au niveau local. Ce rapport constitue un véritable guide pour l'action publique: il a vocation à aider les autorités locales à faciliter le processus d'intégration des migrants, avec le soutien des fonds de la politique de cohésion. La politique de cohésion jouera un rôle encore plus important à l'avenir à cet égard.»
Mari Kiviniemi, secrétaire général adjoint de l'OCDE, a pour sa part ajouté: «Pour intégrer les migrants il convient d'engager les efforts dès leur arrivée et de maintenir le lien au fil du temps. Les élus savent où les nouveaux arrivants peuvent trouver des opportunités d'intégration. Ils savent aussi à quoi ces derniers peuvent contribuer pour le développement local qu'il s'agisse de combler les lacunes du marché du travail ou de créer une culture plus diversifiée au bénéfice de tous. Les gouvernements centraux et locaux doivent travailler ensemble dès le premier jour afin d'assurer l'intégration réussie des migrants.»
Pourquoi un tel rapport?
Plus de 5 millions de personnes ont migré de manière permanente dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques en 2016. Bien que l'intégration des migrants relève essentiellement de la responsabilité nationale, elle constitue l'un des principaux défis auxquels l'UE doit face face. Les villes européennes joueront un rôle crucial pour assurer une bonne intégration sur le terrain. Selon une enquête Eurobaromètre publiée en avril 2018, 69 % des Européens estiment que des mesures d'intégration constituent un investissement nécessaire sur le long terme et une proportion similaire voit l'intégration comme un processus réciproque entre les migrants et les sociétés qui les accueillent.
Dimitris Avramopoulos, commissaire pour la migration, les affaires intérieures et la citoyenneté, a déclaré à ce sujet: «Après l'afflux record de réfugiés que l'Europe a connu en 2015 et 2016 et les efforts que nous avons déployés pour faire baisser le nombre de nouvelles arrivées irrégulières, le temps est venu de nous intéresser collectivement à l'intégration effective dans nos sociétés de ceux qui bénéficient d'une protection. Il est dans l'intérêt de tous que les personnes ayant le droit de rester reçoivent un soutien pour leur intégration. Cela bénéficiera à la fois à la cohésion sociétale et à la compétitivité économique.»
Récemment la Commission a présenté une boîte à outils pour aider les pays de l'UE à recenser les ressources disponibles et à mettre au point des stratégies et des projets destinés à l'intégration des migrants.