Le 20 mars 2023, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dévoilait son sixième et dernier rapport synthétisant l’ensemble des connaissances scientifiques acquises au cours de ses travaux conduits depuis 2015. Ce rapport constituera ainsi la base scientifique principale du premier bilan mondial de l’Accord de Paris (2015) qui sera dressé lors de la COP28 à Dubaï fin 2023.
Les principales observations du rapport
Le rapport met en exergue plusieurs constats :
- Les activités humaines sont de toute évidence à l’origine du réchauffement climatique
Principalement du fait de la production et consommation d’énergies non-renouvelables, de l’utilisation des sols et modes de vie et de consommation, les activités humaines ont causé une augmentation des émission de gaz à effet de serre, résultant à une accélération du réchauffement climatique.
- Des changements rapides et importants dans l’atmosphère, l’océan, la cryosphère et la biosphère ont eu lieu
Le rapport souligne que les impacts de l’activité humaine sur le climat sont à l’origine de phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, partout dans le monde, provoquant notamment des pertes et dommages conséquents pour la biodiversité et les populations. Le GIEC relève notamment les dommages causés sur les ressources en eau potable, sur les sols, les zones côtières et maritimes mais souligne également la disparition de nombreuses espèces animales et végétales, sur la terre comme dans les océans, du fait de la hausse des températures et de la fonte des glaciers.
Ces phénomènes météorologiques extrêmes rendent vulnérables de plus en plus de populations installées dans des zones les plus exposées aux effets du changement climatique (Afrique, Asie, Amériques Centrale et du Sud, petites îles et territoires d’Arctique), qu’elles soient rurales ou urbaines. Près de 3,6 milliards de personnes se retrouvent ainsi dans une situation de grande vulnérabilité climatique, faisant notamment face à un phénomène d’insécurité alimentaire, à un accès à l’eau restreint, et se retrouvant exposées à des risques de mortalité élevés.
- Ces phénomènes alarmants dus aux activités humaines vont continuer de s’intensifier
Le GIEC ne dresse pas des prédictions optimistes sur les tendances de ces phénomènes pour les années à venir : si aucune action de grande ampleur n’est prise, ces phénomènes devraient s’intensifier et conduire à des impacts conséquents sur les ressources en eau, l’agriculture et l’élevage, les ressources halieutiques et les écosystèmes terrestres et océaniques. Ces phénomènes devraient également conduire à une augmentation des maladies infectieuses et de la malnutrition et à une dégradation globale de la santé mentale. Enfin, le GIEC alerte sur un phénomène déjà observé mais qui devrait s’accélérer si rien ne change : les migrations de masse pour raisons climatiques, que ce soit en raison de la montée des eaux ou de phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes.
Un constat sans appel : l'indispensable lutte contre le changement climatique
Si le rapport admet que des efforts probants ont en effet été réalisés au cours des huit dernières années, il souligne également que ces derniers ont été insuffisants. Le rapport alerte ainsi sur le fait que la lenteur du monde à agir pour s’attaquer à la crise climatique met les chances d’endiguer le réchauffement climatique en péril. Or, le GIEC souligne que les efforts pour garantir un monde vivable pour les générations à venir et limiter les effets irréversibles du réchauffement climatique doivent être faits au plus vite.
Le rapport modélise plusieurs scénarios pour les années à venir mais convient qu’en l’état, le seuil d’un réchauffement de + 1,5°C devrait être atteint plus rapidement que prévu. Ainsi, le rapport encourage à prendre des mesures efficaces pour réduire la production de gaz à effet de serre, en indiquant que cette baisse serait la solution la plus efficace et rapide pour ralentir le réchauffement climatique.
Le GIEC appelle ainsi à la mise en place d’actions d’atténuation et d’adaptation transversales à tous les domaines (énergie, industrie, transports, alimentation, exploitation des sols, santé, économie, construction, exploitation des zones urbaines, rurales, maritimes, etc.). Ces solutions doivent être mise en œuvre en synergie, dans des objectifs de développement durable, de justice sociale et climatiques, et dans le respect des principes de résilience, d’équité et d’inclusion. Le rapport du GIEC invite donc à la sobriété, définie comme un ensemble de mesures qui permettent d’éviter la demande d’énergie, de matériaux, de terre et d’eau, tout en garantissant le bien-être de toutes et tous dans les limites de la planète.
Le rapport reste donc optimiste sur l’existence de solutions efficaces mais insiste sur l’urgence de la situation. Il met cependant en garde contre le « techno-optimisme », en soulignant que l’innovation technologique peut être utile dans la lutte contre le réchauffement climatique mais qu'elle rencontre des limites et comporte des inconvénients dont il faut avoir conscience (impact environnemental important, possibilité d’effet rebond, etc.). Le rapport invite ainsi à œuvrer pour une meilleure maitrise et une utilisation optimisée des technologies déjà existantes, plutôt qu’au développement de nouvelles technologies dont les impacts et effets ne sauraient être immédiatement et totalement appréciés.
Enfin, le GIEC rappelle dans ce rapport l’importance de la coopération entre les décideurs politiques internationaux, pour la définition d’objectifs communs et la mise en place cordonnée d’actions multilatérales efficaces. De même, le rapport souligne que la coopération des secteurs financier et technologiques à cette lutte contre les effets du changement climatique est indispensable à sa réussite.
L’UE engagée pour le ralentissement du réchauffement climatique
L’UE défend depuis plusieurs années une politique transversale de lutte contre les effets du changement climatique et de protection et restauration de la biodiversité, le Pacte vert européen. Ce rapport du GIEC confirme une nouvelle fois l’importance de cette action climatique et environnementale ambitieuse, qui infuse dans l’ensemble des politiques et mesures de l’UE.
L’UE est un acteur clé des évaluations du GIEC, finançant de nombreux projets de recherche et innovation visant à la mise en œuvre de la lutte contre le changement climatique ou à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Ainsi, ce sont près de 35% du budget du programme Horizon Europe qui sont consacrés à ce type de projets de recherche, notamment au travers des missions « Adaptation au changement climatique », « Océan et eaux », « Neutralité climatique et Villes intelligentes » et « Un pacte pour les sols pour l’Europe », dont les résultats devraient éclairer les futurs travaux du GIEC.
Lien vers la synthèse du sixième rapport du GIEC (20 mars 2023)