La pandémie de COVID-19, ainsi que la perspective de conditions météorologiques de plus en plus instables du fait du changement climatique ont révélé le manque d'outils à la disposition de l'UE pour protéger la santé publique de ses citoyens. Dans le cadre de RescEU, la Commission développe actuellement ses réserves stratégiques pour pouvoir faire face à des incidents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN).
Les menaces CBRN
Avant d'entrer dans le détails des mesures prises par la Commission, il convient de détailler en quoi consistent les menaces CBRN. L'exposition aux menaces CBRN peut être involontaire, comme dans le cas d'une fuite dans des installations chimiques ou d'un incident dans une centrale nucléaire. Mais ces risques peuvent être causés par des actes intentionnels, comme les attaques terroristes.
Dans les deux cas, l'exposition à des produits chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires a des conséquences néfastes sur la santé publique, et nécessite une réaction rapide et efficace des autorités.
Néanmoins, le manque de coordination à l'échelle de l'UE et le contexte global incertain fait que les Etats membres de l'UE peuvent se retrouver incapable de réagir à une menace de la sorte. En effet, si plusieurs pays européens sont confrontés simultanément au même type de menace, les moyens de réaction aux crises sont limités. En d'autres termes, en situation de tension liée à une catastrophe CBRN dans plusieurs Etats membres, ces derniers ne pourront pas se fournir une assistance mutuelle, faute de capacité.
Les mesures prises par la Commission
Afin de combler ce manque d'instruments mis à disposition des Etats membres, la Commission européenne a utilisé le Mécanisme européen de protection civile. Ce mécanisme a pour objectif de renforcer la coopération entre les Etats membres de l'UE en matière de protection civile, afin de mieux prévenir, et réagir aux catastrophes, qui ne connaissent pas de frontières. Dans ce cadre, RescEU est une réserve européenne de ressources qui sert à protéger les citoyens des catastrophes. Cette réserve contient par exemple une flotte d'avions et d'hélicoptères bombardiers d'eau, ou encore des hôpitaux de campagne.
Afin d'adapter ce cadre de réaction aux catastrophes aux menaces CBRN, la Commission complète la réserve RescEU à travers deux mesures :
- Un stock stratégique pour faire face aux incidents d'un budget de 540,5 millions d'euros, constitué avec l'Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire (HERA). Ce premier stock sera réservé aux mesures de réaction aux menaces CBRN, telles que des équipements de protection individuelles, des médicaments, des vaccins, et des traitements pour les patients exposés à des agents CBRN.
- Une réserve de décontamination, d'un budget de 66,7 millions d'euros, hébergée par la Croatie, l'Allemagne et l'Espagne. Elle sera composée d'équipements et d'équipes d'intervention spécialisées dans la décontamination aux agents CBRN.