L’UE s'est collectivement fixé l'objectif d’une réduction de 55 % des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 1990, et d’atteindre au moins 42,5 % d’énergies renouvelables dans sa consommation finale brute d’ici 2030. Ces engagements ont été inscrits dans la Loi européenne sur le climat, adoptée en 2021, et font partie intégrante du paquet législatif « Fit for 55 ».
Dans un contexte mondial où les politiques climatiques inquiètent — et où le « drill, baby, drill » de Donald Trump résonne encore —, les pays de l’Union, soutenus par la Commission, maintiennent leur cap et veulent montrer l’exemple. Selon l’évaluation des Plans nationaux en matière d’énergie et de climat (PNEC), réalisée par la Commission européenne, les États membres ont considérablement réduit l’écart les séparant des objectifs pour 2030. La Commission les incite néanmoins à poursuivre leurs efforts, en accélérant le déploiement des énergies renouvelables, en améliorant l'efficacité énergétique, et en renforçant les puits de carbone.
Concrétiser les engagements sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables
La transition énergétique de l’UE repose sur deux piliers complémentaires : l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. Sur le premier volet, l’objectif européen de réduction de 11,7 % de la consommation d’énergie d’ici à 2030 (par rapport au scénario de référence 2020) reste difficile à atteindre. Malgré des progrès — avec quinze États membres ayant rehaussé leurs ambitions et neuf d’entre eux alignés sur la cible — un écart important subsiste : la consommation finale reste 31,1 Mtep au-dessus de l’objectif. La Commission appelle à intensifier les efforts, notamment en triplant le rythme de rénovation énergétique des bâtiments, en mobilisant des financements publics et privés, et en renforçant les obligations du secteur public.
Du côté des énergies renouvelables, les plans actualisés des États membres laissent entrevoir une part de 42,6 % dans la consommation finale brute à l’horizon 2030, ce qui place l’objectif contraignant de 42,5 % à portée. Toutefois, cet équilibre reste fragile : la moindre défaillance dans la mise en œuvre risquerait de faire replonger les résultats sous le seuil requis. L’objectif indicatif de 45 %, quant à lui, demeure hors d’atteinte sans efforts accrus. La Commission recommande de simplifier et d’accélérer les procédures d’autorisation, de favoriser l’autoconsommation, les contrats d’achat direct (PPAs), et le développement de projets industriels basés sur les carburants renouvelables. Elle appuiera ces actions à travers des initiatives ciblées comme « Accele-RES » et le futur plan d’électrification.
Un mot sur la France
La France a actualisé son Plan national intégré énergie-climat (PNEC) en juin 2024, dans un contexte de révision de ses grandes stratégies : la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3) et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3), toutes deux prévues pour adoption en 2025.
Conformément à l’objectif européen, la France s’engage à réduire de 50 % ses émissions brutes de GES. Cela implique néanmoins une baisse moyenne de 5 % par an entre 2023 et 2030, un effort considérable comparé aux 2 % par an de la période précédente (2017–2022).
Concernant la part de renouvelables, la France défend une stratégie mettant en avant son mix énergétique déjà fortement décarboné grâce au nucléaire. Elle argue que l'objectif principal est la réduction des émissions de gaz à effet de serre, indépendamment de l'origine des sources d'énergie. Une position qui crée des tensions avec la Commission, laquelle insiste sur des objectifs chiffrés spécifiques pour les énergies renouvelables. Un nœud gordien qui attend encore son dénouement…
Vers un retour en grâce du nucléaire ?
Bien que non comptabilisé dans les objectifs de renouvelables, le nucléaire occupe une place centrale dans plusieurs stratégies nationales. La France, parmi d'autres, prévoit d’étendre la durée de vie de ses centrales existantes et de lancer de nouveaux projets, notamment via les réacteurs de type EPR. L’énergie nucléaire est également mobilisée pour la production de chaleur industrielle et d’hydrogène bas-carbone.
La Commission estime que, d’ici 2050, la capacité nucléaire nette pourrait atteindre 110 GWe dans l’UE, sous réserve d’incertitudes sur les décisions d’investissement. Un rapport illustratif (PINC) en cours de préparation détaillera les trajectoires et besoins associés. Par ailleurs, la question de la dépendance au combustible russe reste d’actualité, malgré des efforts de diversification dans plusieurs États d’Europe centrale.