La Conférence des Parties sur la biodiversité (COP 16) – rendez-vous équivalent à la COP sur le climat – a commencé le 21 octobre à Cali (Colombie). Lors de la réunion du Conseil de l’UE du 14 octobre, les ministres européens ont approuvé des conclusions qui constitueront la position générale de négociation de l’UE lors des réunions à venir.
Une COP 16 pour « passer de la parole aux actes »
En 2022, lors de la COP 15 qui avait lieu au Canada, 195 Etats avaient signé l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité. Cet accord avait été qualifié d’historique et était vu comme l’équivalent de l’accord de Paris qui porte lui sur le climat.
L’accord de Kunming-Montréal est en effet le premier accord fixant des objectifs précis à atteindre d’ici à 2030 en termes de protection de la biodiversité. Les 23 objectifs portent notamment sur la protection de 30 % des terres et mers, la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés ou la réduction de moitié des pesticides et du taux d'introduction d'espèces exotiques envahissantes.
Cependant, trop peu d’actions ont été mises en place aujourd’hui. Lors de la cérémonie protocolaire, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé les parties prenantes à « passer de la parole aux actes » en indiquant que « nous ne sommes pas sur la bonne voie ».
Ce constat est partagé par les ministres de l’Union européenne. Réunis en Conseil le 14 octobre, ils ont réaffirmé les engagements mondiaux pris en 2022 et l’importance de l’intégration de la biodiversité à tous les niveaux de gouvernement et de la société.
István Nagy, ministre hongrois de l'agriculture, indique ainsi que « la biodiversité devrait être présente dans toutes les politiques et dans tous les secteurs : nous dépendons d'elle pour les médicaments, l'énergie, la qualité de l'air et de l'eau et elle nous protège des catastrophes naturelles ».
Le Conseil est déterminé à faire adopter lors de cette COP un « processus solide, efficace, transparent et clair pour l’examen global des progrès accomplis ». L’accord de 2022 ne prévoit en effet aucun outil de suivi ni aucune mesure coercitive en cas de non-respect des objectifs.
L’UE a par ailleurs déjà mis en œuvre plusieurs mesures pour atteindre ces objectifs comme l’adoption du Règlement sur la restauration de la nature en juin 2024.
Mobilisation des ressources financières
Le Conseil soutient le rôle du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) qui est un organisme financier œuvrant pour la préservation de l’environnement. Il a déjà atteint « 69% de son objectif de financement de la biodiversité ».
Cette question est l’un des points de friction entre les parties prenantes. Lors de négociations préliminaires qui ont eu lieu au Kenya en mai 2024 afin de préparer la COP 16, les parties ont pu débattre de la création par le FEM d’un Fonds spécial pour la biodiversité, acté par la COP 15, « à moins que les parties n’en décident autrement ». En 2022, lors de la négociation de l’accord Kunming-Montréal, plusieurs pays dont le Brésil, l’Indonésie et l’Afrique du Sud avaient demandé aux pays du Nord de transférer aux pays du Sud « au moins 100 milliards par an ». Pour rappel, le FEM regroupe 183 Etats mais seulement 32 d’entre eux apportent les fonds nécessaires à sa mission.
Le Conseil a également réaffirmé son engagement à « mobiliser des ressources de toute provenance » pour la mise en œuvre de des objectifs et appelle par ailleurs à faire adopter lors de la COP « une stratégie de mobilisation des ressources révisée ».
Pour rappel, la convention des Nations unies sur la diversité biologique a été ouverte à la signature lors du « sommet de la Terre » à Rio en 1992 et est entrée en vigueur en décembre 1993. L'UE et ses États membres sont parties à la convention.
La convention des Nations unies sur la diversité biologique comporte deux protocoles : le protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques (2003) et le protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation (2014).
Les conférences et les réunions des parties à ces accords ont lieu tous les deux ans.
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Biodiversité: comment l'UE protège la nature