Si la lutte contre le terrorisme reste une compétence des Etats membres de l’Union européenne et non de la Commission, de nombreuses actions sont menées au niveau européen pour assurer une coordination des différentes politiques nationales et renforcer la coopération entre les services de polices et de sécurité des différents Etats. Depuis les attentats du World Trade Center en 2001 et ceux de 2004 à Madrid, l’Union européenne s’est dotée d’instruments pour renforcer sa capacité d’action tandis que les attentats en France de janvier et novembre 2015, puis ceux de Bruxelles et Zaventem en mars 2016, ont accru la détermination des 28 à se mobiliser ensemble face au terrorisme.
Quels sont les moyens d’action de l’UE ?
L’Union européenne dispose de nombreux moyens pour lutter directement ou indirectement contre les attaques terroristes et pour la prévention de la radicalisation :
- Le système d’informations Schengen: ce fichier informatique européen permet aux services responsables des contrôles aux frontières, policiers et douaniers, et aux autorités judiciaires d’un État Schengen de disposer de données sur des personnes signalées et des objets et véhicules recherchés ;
- Le mandat d’arrêt européen : A la suite des attentats du 11 septembre 2001, la procédure du mandat d’arrêt européen est adoptée pour faciliter l'extradition, d’un Etat membre à un autre, de personnes condamnées ;
- Le système ECRIS : Depuis avril 2012, ce système connecte les bases de données contenant les casiers judiciaires permettant ainsi de faciliter, uniformiser et accélérer l’échange d'informations sur les condamnations sous forme électronique entre les pays de l'UE ;
- Le Fond de sécurité intérieure : Afin de promouvoir la mise en œuvre de la coopération pour l’application du droit de l'UE, la gestion des risques et des crises et le contrôle des frontières extérieures de l'Union, le FSI a été mis en place pour la période 2014-2020 ;
- Le registre des passagers aériens : Créé aux États-Unis à la suite des attentats de 2001, il s’agit d’un ensemble de données collectées par les compagnies aériennes lors de la réservation d’un vol ou de l’enregistrement dont l’objectif est de mieux détecter puis retracer les itinéraires des terroristes potentiels. Adoptée en avril 2016 par le Parlement européen, la directive sur le PNR européen harmonise la récolte de ces données tout en garantissant leur confidentialité ;
- AIRPOL : Le réseau Airpol a pour objectif d'augmenter la sécurité générale des aéroports européens ainsi que de l'aéronautique civile grâce à une collaboration plus intensive et plus structurelle entre les Etats membres ;
- ATLAS : Le réseau Atlas réunit depuis 2001 toutes les forces d'intervention des pays de l'Union européenne, plus la Suisse et la Norvège. Des entraînements conjoints sont régulièrement organisés. Pour la France, il s'agit du GIGN et du RAID ;
- Le RAN : Le Réseau de Sensibilisation à la Radicalisation met en relation et soutient les acteurs engagés dans la lutte contre la radicalisation violente et le recrutement de personnes à des fins terroristes. Son budget a été augmenté à 25 millions d’euros sur quatre ans.
Qui sont les principaux acteurs de la lutte contre le terrorisme en Europe ?
Afin de mener ces politiques de lutte contre le terrorisme, l’UE est dotée de plusieurs entités :
- EUROPOL : cette agence européenne coordonne le partage d'informations entre polices nationales et surveiller les menaces criminelles graves en Europe. L’agence abrite le Centre européen pour la lutte contre le terrorisme depuis janvier 2016.
- EUROJUST : qui coordonne la lutte contre la criminalité transfrontalière aggravée et résoud les problèmes générés par les divergences de systèmes juridiques entre Etats. Créé en 2016, le Réseau judiciaire européen anti-cybercriminalité soutient les autorités judiciaires nationales dans ce domaine.
- FRONTEX : cette agence européenne assure la sécurité des frontières extérieures de l'UE et plus particulièrement le contrôle de l'immigration illégale à ces frontières en assurant la coopération entre Etats membres.
- Le Comité Permanent de Sécurité Intérieure : facilite la coordination des actions opérationnelles entre États. Principalement composé de membres de ministères nationaux, il contribue notamment à la cohérence des acteurs européens responsables de la lutte contre le terrorisme.
- Le Centre de l’UE pour l’analyse des renseignements : qui évalue la menace qui peut peser sur l'UE ou un ou plusieurs de ses Etats membres en se basant sur les informations qu’il collecte auprès des services de renseignement, des diplomates, des militaires, des services de police…
- Gilles de Kerchove, coordinateur de l’UE : sa mission est de coordonner les activités menées au sein de l’UE dans le domaine de la lutte antiterroriste. Il veille notamment à la coordination des travaux des différentes formations du Conseil de l'UE qui ont un lien avec la lutte contre le terrorisme.
L’UE soutient les projets de la région Occitanie en matière de prévention de la radicalisation
Le projet Practicies, coordonné par Séraphin Alava, enseignant chercheur à l’Université de Jean Jaurès, a obtenu en 2017 le soutien financier de l’Union européenne par le déblocage d’un financement à hauteur de 3.5 millions d’euros. Le projet vise à identifier les bonnes pratiques de différents pays européens et non européens, et trouver des outils pour faire face à la problématique de la radicalisation des jeunes. Il comporte plusieurs volets, notamment celui de caractériser le processus de radicalisation des jeunes, par la détermination d’indicateurs fiables (vêtements, comportement, discours…). L’objectif est de développer un logiciel permettant de détecter des discours de radicalisation. Ce travail et les remontées de terrains concomitantes, permettront une meilleure coordination des services de police et des services anti-terroristes. Des outils d’éducation seront également mis en place.