COP30 : entre tensions géopolitiques et compromis climatiques

In Action Extérieure, Actualité de l'Union européenne, Énergie - Environnement - Climat by Occitanie Europe

À Belém, la COP30 s’est conclue sur un accord à minima, révélant les profondes fractures géopolitiques qui freinent encore l’action climatique mondiale.


Contexte

La 30ᵉ Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP30), organisée du 10 au 22 novembre 2025 à Belém, tombait au moment symbolique du dixième anniversaire de l’Accord de Paris, un anniversaire qui, loin de susciter la célébration, rappelait surtout le décalage persistant entre les engagements proclamés et la réalité des émissions mondiales. Sous présidence brésilienne, la COP30 devait permettre de donner un nouvel élan à la mise en œuvre de l’Accord de Paris, en particulier sur l’adaptation, le financement climatique et la trajectoire mondiale des émissions.

Cette COP s’ouvrait dans un climat particulièrement tendu : multiplication des catastrophes extrêmes, montée des rivalités géopolitiques, blocage récurrent entre pays producteurs de combustibles fossiles et pays vulnérables, et affaiblissement d’un multilatéralisme déjà fragilisé lors des précédentes sessions.

Pour la première fois, l’architecture même de la gouvernance climatique semblait publiquement remise en question, minée par l’incapacité des États à converger vers des actions compatibles avec les exigences scientifiques.

L’Union européenne, traditionnellement présentée comme un moteur d’ambition, arrivait elle-même dans un moment délicat : contestée en interne, peinant à entraîner une coalition solide autour de ses positions.

Dans ce contexte lourd, la COP30 était perçue comme un test crucial : soit elle permettait un sursaut politique à la hauteur des dix ans de Paris, soit elle révélait l’essoufflement d’un processus multilatéral en perte de crédibilité.


Résultats globaux de la COP30 : un accord minimal face à l’urgence climatique

La COP30 s’est achevée le 22 novembre 2025 avec un accord final qui, malgré quelques avancées, laisse un sentiment d’insuffisance totale face à l’urgence climatique. Le texte adopté ne contient aucune référence à la sortie des combustibles fossiles, ce qui constitue un recul majeur comparé aux attentes de nombreux pays et aux exigences scientifiques. Les experts soulignent que cette absence rend l’accord largement symbolique, sans garantie de réduction réelle des émissions de CO₂, principale cause du réchauffement global.

Parmi les rares points positifs, la COP30 a confirmé le volet financier de l’adaptation, avec un objectif collectif quantifié visant à tripler les financements d’ici 2035. Des initiatives telles que la Mission Belém 1,5 °C, l’Accélérateur mondial de mise en œuvre et une initiative plurilatérale sur la transition hors des combustibles fossiles ont été lancées, mais elles restent largement volontaires et non contraignantes.


Le regard critique de l’Union européenne

Pour l’UE, les résultats de la COP30 sont décevants. La présidente de la délégation du Parlement européen, Lídia Pereira (PPE, PT), a souligné que malgré les efforts européens pour maintenir une ambition forte et promouvoir la sortie des combustibles fossiles, le front uni des BRICS et des États arabes, combiné à une présidence brésilienne peu ambitieuse, a bloqué toute avancée contraignante.

Le vice-président Mohammed Chahim (S&D, NL) a insisté sur le fait que l’accord représente une base minimale, mais que le rythme global d’action est largement insuffisant pour respecter l’objectif de limitation du réchauffement à 1,5 °C. L’UE se retrouve isolée, et la priorité immédiate est de renforcer les coalitions de pays ambitieux afin d’éviter de nouveaux échecs lors des COP futures.


Avancées mais limites persistantes

Malgré l’adoption de certains mécanismes nouveaux, les mesures restent symboliques et insuffisantes. Les financements pour l’adaptation risquent d’arriver trop tard pour les pays les plus vulnérables, et l’absence de toute mention des énergies fossiles signifie que la principale source du changement climatique reste intacte.

L’UE obtient néanmoins quelques succès :

  • Maintien d’un objectif financier ambitieux pour l’adaptation ;

  • Lancement de mécanismes de transition juste pour les populations et régions dépendantes des combustibles fossiles ;

  • Inclusion de nouveaux indicateurs de suivi et d’un volet sur le genre et la justice sociale ;

  • Maintien de l’attention sur la biodiversité et les écosystèmes, notamment l’océan et les forêts tropicales.

Cependant, ces avancées restent fragiles et largement volontaires, dépendantes de la mise en œuvre réelle par les États, sans garantie que l’écart entre ambition affichée et action effective se réduise.


Un accord à minima dans un contexte géopolitique complexe

La COP30 a confirmé la fracture croissante entre pays producteurs de combustibles fossiles et pays ambitieux, et la difficulté de maintenir un multilatéralisme crédible. Le compromis final reflète plus des arbitrages politiques que des avancées scientifiques, et la fragilité démocratique de l’accord, illustrée par l’opposition de la Colombie ignorée, fragilise encore sa légitimité.

Pour l’UE, cette COP est un avertissement clair : maintenir un rôle de leader climatique nécessitera non seulement de mettre en œuvre ses propres engagements, mais aussi de soutenir activement des coalitions crédibles de pays ambitieux, sinon elle risque de rester isolée face à un processus multilatéral de plus en plus affaibli.


Pour plus d'informations

Communiqué de presse du Parlement européen

Article de "Toute l'Europe" 

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