Dans un rapport publié le 12 septembre, l’Union pour la Méditerranée souligne que l’intégration économique euro-méditerranéenne reste insuffisante, malgré un fort potentiel de croissance et de développement durable.
Contexte
Créée en 2008, l’Union pour la Méditerranée (UpM) est une organisation intergouvernementale qui réunit 43 États membres : les 27 de l’Union européenne et 16 pays du sud et de l’est de la Méditerranée. Elle vise à renforcer la coopération régionale, le dialogue politique et à développer des projets communs dans l’économie, l’énergie et l’environnement.
La région euro-méditerranéenne regroupe les pays riverains de la Méditerranée et leurs partenaires européens. Cet espace est stratégique pour le commerce mondial, la sécurité énergétique et les flux migratoires. Malgré un potentiel économique important, il reste marqué par des disparités de développement et des tensions politiques persistantes.
Un commerce intra-régional en progression mais encore fragmenté
Selon le rapport, l’intégration économique euro-méditerranéenne demeure insuffisante. En 2022, les échanges commerciaux entre les États de la région représentaient environ 30 % du total des exportations mondiales. Si ce chiffre souligne le poids commercial de l’espace euro-méditerranéen, il traduit aussi son manque de cohésion.
En 2023, le commerce intra-UpM a cependant rebondi : les pays membres ont échangé près de deux fois plus entre eux qu’avec le reste du monde, pour un total de plus de 4 400 milliards de dollars. Cette dynamique montre un potentiel considérable pour renforcer les chaînes d’approvisionnement régionales, mais elle reste limitée par des barrières tarifaires, des différences de normes et des infrastructures inégales.
Des obstacles persistants à la libre circulation
Malgré cette reprise, le rapport souligne de nombreux freins à l’intégration : circulation des biens, des services, des capitaux, des personnes et des technologies reste entravée. Les disparités économiques et politiques entre pays, la faiblesse de certaines infrastructures logistiques et l’instabilité géopolitique pèsent sur la fluidité des échanges.
Les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient ont aggravé ces difficultés, perturbant les chaînes d’approvisionnement, la sécurité énergétique et la stabilité des prix. Cette situation crée un climat d’incertitude qui limite les investissements étrangers et complique l’harmonisation des politiques économiques.
La transition verte et la connectivité comme leviers d’avenir
Le rapport met aussi en avant les opportunités offertes par la transition verte et l’amélioration de la connectivité régionale. Investir dans des infrastructures modernes et durables (ports, réseaux ferroviaires, interconnexions énergétiques) permettrait de fluidifier le commerce et de renforcer la compétitivité des pays de la région.
Les énergies renouvelables, en particulier le solaire et l’éolien, sont considérées comme des secteurs stratégiques. L’UpM recommande de moderniser les accords commerciaux, de développer les marchés de capitaux et d’attirer des investissements dans ces secteurs pour stimuler la croissance. Cette approche favoriserait aussi une transition écologique bénéfique à long terme et renforcerait l’intégration économique en créant des projets communs.
Mobilité des personnes et migrations régionales en hausse
Enfin, le rapport met en lumière la mobilité croissante des populations dans l’espace euro-méditerranéen. Entre 2021 et 2024, la migration intra-UpM a progressé de 6 %. Cette tendance reflète une intensification des échanges humains, mais aussi des défis en matière de gestion des flux migratoires.
Les auteurs insistent sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les pays pour encadrer ces mouvements, faciliter la circulation des travailleurs qualifiés et renforcer les droits des migrants. Une gestion plus cohérente pourrait transformer la migration en atout économique pour la région, en favorisant les transferts de compétences et les investissements transfrontaliers.