Les questions de défense et de sécurité ont de nouveau été à l'ordre du jour de la session plénière du Parlement européen qui était réuni à Strasbourg, le 22 janvier. Les députés européens ont majoritairement appelé à un renforcement des capacités de défense de l'UE. Le même jour, la Commission, représentée par la Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité ainsi que le commissaire européen à la Défense et à l'Espace, a défendu la même position lors de la conférence annuelle de l'Agence européenne de défense (EDA).
Dépenser davantage dans la défense européenne
Au Parlement européen, le 22 janvier, le Premier ministre polonais Donald Tusk a présenté aux députés ses objectifs pour le semestre de présidence polonaise du Conseil de l'UE et la stratégie polonaise pour l’UE intitulée "Sécurité, Europe". Son discours a été suivi d'un débat d'actualité sur le thème "Unir l'Europe contre les acteurs hostiles à l'Union européenne : il est temps de renforcer notre sécurité et notre défense".
Les députés européens étaient majoritairement en faveur de ce renforcement. Certains, comme Marie-Agnès Strack-Zimmermann (Renew, Allemagne), présidente de la commission "Sécurité et Défense" (SEDE)*, ont indiqué qu'ils souhaitaient que cette défense collective soient en coopération avec l'OTAN.
Le ministre polonais des Affaires européennes, Adam Szłapka est également intervenu dans le débat. Il a préconisé une augmentation rapide des dépenses de défense des Etats membres. Il a ainsi déclaré : "Nous devons dépenser beaucoup plus, mais aussi mieux et plus rapidement".
Renforcer l'industrie de la défense
Le même jour, la Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Kaja Kallas, ainsi que le commissaire européen à la Défense et à l'Espace, Andrius Kubilius, ont prononcé un discours lors de la conférence annuelle de l'Agence européenne de défense (EDA) dans lequel ils ont appelé à augmenter les budgets dédiés à la défense et à l'industrie de la défense.
Selon Kaja Kallas, en 2024, les États membres ont consacré collectivement en moyenne 1,9 % de leur PIB à la défense, quand la Russie en dépensait 9%, et les dépenses russes devraient encore augmenter cette année.
Les représentants de la Commission estiment par ailleurs que des systèmes d'armes européens interopérables sont nécessaires. L'objectif n'est pas de créer une armée européenne mais de faire coopérer les armées nationales de manière efficace. La Commission souhaite donc "apporter une coordination européenne, un soutien et une influence industrielle et réglementaire". Kaja Kallas a ainsi plaidé en faveur de la création d'un marché unique de la défense.
Au Parlement européen, les députés européens, allant des bancs de la gauche à ceux de l'extrême-droite, ont appelé à un renforcement de l'industrie de défense européenne.
Un "Livre blanc" sur la stratégie européenne attendu en mars 2025
Le 5 décembre 2024, Andrius Kubilius avait présenté devant la sous-commission "Sécurité et Défense"* du Parlement européen les contours d'un "Livre blanc' sur la défense. Ce Livre blanc est attendu en mars 2025.
Selon le commissaire, ce document mettra en avant les menaces auxquelles l’UE fait face et serait organisé en 3 chapitres principaux : l'Ukraine, les capacités des Européens et le financement de la défense. Les députés européens lui avaient alors indiqué que les menaces n'étaient pas uniquement la Russie mais également l'Iran, la Chine et le terrorisme.
Andrius Kubilius avait également appelé à lancé un "plan de production industrielle", avec des achats conjoints et des demandes agrégées, permettant ainsi à l'industrie d'avoir une planification et des contrats à long terme.
* La sous-commission "Sécurité et Défense" (SEDE) est devenue une commission permanente après un vote des députés européens, le 18 décembre 2024.