L’UE signe des partenariats de sécurité et de défense avec la Corée du Sud et le Japon

In Action Extérieure, Actualité de l'Union européenne, Défense, Sécurité-défense by Occitanie Europe

L’UE a signé un nouveau partenariat avec le Japon, le 1er novembre, puis avec la Corée du Sud, le 4 novembre. Ces accords sont similaires et portent sur le développement des coopérations bilatérales dans le domaine de la sécurité et de la défense. Ces rapprochements s’opèrent dans un contexte particulier avec la montée des tensions dans la région indopacifique (notamment entre la Chine et Taiwan) ainsi que le renforcement des liens entre la Russie et la Corée du Nord.

 

Les accords en bref

 

Les deux accords ont été signé au début du mois de novembre 2024 et sont particulièrement similaires. Plusieurs phrases sont reprises dans les deux textes, notamment dans les éléments de contexte :

  • « L’Europe et l’Indopacifique sont fortement interconnectées et interdépendantes. Cette interdépendance a des dimensions géopolitiques, économiques et sécuritaires. »
  • « La sécurité ne se limite pas aux questions militaires et de défense traditionnelles, mais englobe de plus en plus un éventail plus large de domaines étroitement liés, allant des domaines cybernétiques et hybrides à l’espace maritime et extra-atmosphérique ». L’accord avec le Japon ajoute le domaine de la sécurité économique.

 

Par ailleurs, les axes de coopération sont également les mêmes :

  • Sécurité maritime, y compris les opérations et les exercices
  • Sécurité et défense de l’espace
  • Menaces hybrides, y compris la manipulation et l’ingérence étrangères dans l’information
  • Cyber-enjeux
  • Non-prolifération, désarmement, armes classiques, y compris les armes légères et de petit calibre
  • Paix, prévention des conflits et gestion des crises
  • Initiatives de défense de l’UE et du Japon / de l’UE et de la Corée du Sud, y compris l’échange d’informations sur les questions liées à l’industrie de la défense
  • Lutte contre le terrorisme, prévention/lutte contre l’extrémisme violent
  • Femmes, paix et sécurité

 

L’accord avec la Corée du Sud ajoute les éléments suivants :

  • Aspects externes de la traite des êtres humains et de la criminalité transnationale organisée
  • Aspects externes de la sécurité économique
  • Médiation pour la paix et prévention des conflits
  • Formation et éducation en matière de sécurité et de défense
  • Approches de la résilience des infrastructures essentielles
  • Lutte contre les menaces hybrides.

Des tensions croissantes dans la région indopacifique

 

La montée des tensions dans la région indopacifique est aujourd’hui une préoccupation internationale de premier plan. L’un des principaux foyers de tension reste Taiwan. La Chine considère cette île comme une province chinoise et a intensifié depuis plusieurs années ses démonstrations de force pour montrer son intention de « rattacher » l’île au continent. En 2023, la Chine a notamment mené de vastes exercices militaires autour de Taiwan.

Face à l’influence croissante de la Chine, les Etats-Unis et leurs alliés renforcent leur coopération militaires et stratégiques dans la région avec le pacte de défense AUKUS de 2021 (Etats-Unis, Australie et Royaume-Uni) ou encore l’alliance du Quad (Etats-Unis, Inde, Japon et Australie).

D'autres coopérations se sont également développées entre la Russie et la Corée du Nord.

 

Ratification d’un traité de défense entre la Corée du Nord et la Russie  

 

Bien que la Corée du Nord et la Russie aient toujours entretenu de bonnes relations, leur isolement sur la scène internationale a renforcé leur coopération qui a pris un tournant stratégique depuis 2022 et le début de la guerre à grande échelle en Ukraine.

Depuis le début de ce conflit, la Corée du Nord a affiché son soutien à la Russie à plusieurs reprises. Lors d’une rencontre en septembre 2023 entre les dirigeants Vladimir Poutine et Kim Jong-un, ce dernier a déclaré que les liens avec la Russie étaient « la priorité absolue » de sa politique étrangère.

Un point qui préoccupe les pays occidentaux est le renforcement de leur coopération militaire. La Corée du Nord pourrait fournir à la Russie des munitions et des équipements militaires dans le cadre de la guerre en Ukraine en échange de technologies de pointe pour développer son arsenal militaire. Les 31 octobre et 5 novembre, le pays a notamment effectué de nouveaux tirs d’essai d’un engin balistique intercontinental.

Depuis le mois d’octobre 2024, les dirigeants ukrainiens alertent sur la présence de soldats nord-coréens au côté des Russes. Selon Volodymyr Zelensky, 11 000 soldats nord-coréens se trouveraient déjà dans la région russe de Koursk (région frontalière à l’Ukraine).

C’est dans ce contexte que la chambre haute du Parlement russe a ratifié le 6 novembre un traité de défense mutuelle conclu en juin 2024 entre leur pays et la Corée du Nord. Les députés russes (la chambre basse du Parlement) avaient également voté en faveur de ce traité 2 semaines auparavant. Il prévoit « une aide militaire immédiate » réciproque en cas d’attaque contre l’un des deux pays.

Les représentants de l’UE, du Japon et de la Corée du Sud ont vivement critiqué cette alliance lors de la signature des partenariats et ont réitéré leur soutien à l’Ukraine. Dans un communiqué, le Haut Représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, et le ministre des Affaires étrangères de la Corée du sud, Cho Tae-yul indiquent ainsi qu’ « une telle coopération entre la RPDC et la Russie constitue non seulement une violation flagrante de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, mais elle prolonge également les souffrances du peuple ukrainien ».


Plus d'information:

Lire l’accord entre l’UE et la Corée du Sud

Lire l’accord entre l’UE et le Japon

 

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