Suspension de la Conférence des Parties sur la biodiversité (COP16) après deux semaines de fortes négociations

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Du 21 octobre au 2 novembre 2024 s’est tenue la Conférence des Parties sur la biodiversité (COP 16) à Cali (Colombie). Rassemblant 196 pays, cette réunion avait pour ambition d’accélérer et de renforcer les mesures mises en œuvre en faveur de la biodiversité, notamment suite à la signature de l’accord Kunming-Montréal lors de la COP15 en 2022. En effet, de nombreux acteurs tels que le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, ont déploré le manque d’actions mises en place afin d’atteindre d’ici 2030 les 23 objectifs fixés par cet accord historique, comme la protection de 30 % des terres et mers ou la réduction de moitié des pesticides et du taux d'introduction d'espèces exotiques envahissantes. Pour ce faire, parmi les sujets cruciaux qui devaient être abordés, figuraient la question du financement de la protection de la biodiversité ainsi que les moyens pour obliger les Etats à s’engager davantage pour cette protection.

 

L’Union européenne très engagée et force de propositions lors de la Conférence

 

Dans ce contexte, l’Union européenne s’est montrée particulièrement déterminée à s’engager davantage en faveur de la biodiversité. Dès le 14 octobre, les ministres de l’UE s'étaient réunis afin de réaffirmer les engagements mondiaux pris lors de la COP précédente ainsi que l’importance de réellement intégrer la biodiversité à tous les niveaux de gouvernement et de la société.

 

Ainsi, lors de la Conférence, l’UE a confirmé qu'elle doublerait son financement extérieur en faveur de la biodiversité, qui sera désormais de 7 milliards d'euros. Cet engagement passe par une série de nouvelles initiatives visant à soutenir ses pays partenaires et préserver la biodiversité à l’échelle mondiale. Parmi ces mesures, on peut notamment retenir la mise en œuvre d’un ensemble complet d’actions visant à accroître les connaissances et à renforcer les capacités en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, pour un montant de 69 millions d’euros. Pour ce faire, un soutien particulier sera par exemple apporté à deux observatoires régionaux dans le Pacifique et les Caraïbes.

Aussi, un nouveau programme sur le trafic illégal d’espèces sauvages sera lancé, avec pour objectifs de favoriser la collaboration transnationale en la matière, de mieux faire appliquer les législations dans les pays en développement et de réduire la demande des principaux produits illicites issus d’espèces sauvages. Le budget total de ce programme sera de 48 millions d’euros.

 

Par ailleurs, l’UE a également souhaité intensifier ses efforts pour mobiliser des capitaux privés étant donné que les fonds publics sont insuffisants pour combler le manque de financements en faveur de la biodiversité. L’Union a donc mis en avant des instruments de réduction des risques tels que les financements mixtes et les garanties du Fonds européen pour le Développement Durable plus (FEDD+) dans le cadre de la stratégie «Global Gateway».

 

De plus, lors de la Conférence, l’UE a présenté et défendu ses travaux exploratoires sur le potentiel et les défis de la certification de la biodiversité et des crédits naturels. Ces travaux comprennent deux projets pilotes : l'un sur les zones humides (en partenariat avec la France), et l'autre sur les forêts privées (en partenariat avec l'Estonie). Le but est notamment de mobiliser des ressources et des acteurs ainsi que de récompenser les personnes contribuant à la protection et la restauration de la biodiversité (y compris les agriculteurs, gestionnaires de terres et de territoires maritimes…). A la différence du système de compensation carbone, il ne s’agit pas de compenser des dommages infligés à l’environnement, mais bien d’apporter une contribution positive à la nature au travers notamment d’une approche collaborative.

 

D’importantes avancées en faveur de la biodiversité

 

En écho à cet engagement, des mesures positives ont été adoptées lors de la COP16. En premier lieu, un « Fonds Cali » a été créé. Ce fonds sera alimenté par les entreprises réalisant des bénéfices grâce aux données génétiques numérisées de plantes (comme l’arôme de vanille) ou d'animaux issus des pays en développement, lesquels obtiendront ensuite une partie de ces bénéfices. Ce mécanisme vise notamment à éviter le pillage des ressources de ces pays par des entreprises issues de pays riches, même si son efficacité demeure incertaine faute d’obligations claires concernant le montant des contributions.

 

En parallèle de la création du « Fonds Cali », la communauté autochtone a également obtenu une reconnaissance importante dans son rôle de gardienne de la nature. En effet, a été adoptée la création d’un Groupe permanent destiné à assurer la représentation de ces peuples au sein de la Convention des Nations unies sur la Diversité Biologique, un traité international juridiquement contraignant qui vise à encourager des mesures qui conduiront à un avenir durable à travers trois objectifs principaux : la conservation de la diversité biologique ; l'utilisation durable de la diversité biologique ; le partage juste et équitable des avantages issus de l'utilisation des ressources génétiques. Cette création historique a été saluée par les représentants des communautés autochtones, à l’image de Camila Romero, représentante des peuples Quechuas du Chili, qui a déclaré : "C'est un moment sans précédent dans l'histoire des accords multilatéraux sur l'environnement".

 

La suspension finale de la Conférence face à l’impossibilité de trouver un accord

 

Néanmoins, malgré ces avancées, la COP16 s’est soldée par un échec pour trouver un terrain d’entente sur les financements nécessaires à l’atteinte des objectifs de l’accord Kunming-Montréal. En effet, l’un des buts principaux en matière de protection de la biodiversité est de porter les dépenses mondiales à hauteur de 200 milliards de dollars par an. Pour ce faire, la Colombie a présenté et fortement défendu, aux côtés du Brésil, une feuille de route qui proposait notamment la création d’un nouveau fonds pour la nature. Néanmoins, certains pays ont refusé de l’adopter et aucun accord n’a pu être trouvé malgré une prolongation des négociations durant la nuit du 1er au 2 novembre 2024. Suite au départ de plusieurs délégations, la Conférence a finalement dû être interrompue car le quorum n’était plus atteint.

Cette suspension marque également l’échec de la volonté initiale d’adopter des règles ambitieuses et des indicateurs fiables pour garantir la réalité des efforts et des actions mises en œuvre pour la biodiversité par les pays participants. Aucun accord formel n’a été adopté, et la Convention sur la biodiversité biologique a indiqué que la session plénière « reprendra à une date et dans un lieu définis ultérieurement pour compléter l'ordre du jour ».

 

La prochaine Conférence des parties sur la biodiversité (COP17) se tiendra à Erevan (Arménie) en 2026.


Plus d'Information:

Communication de la Commission

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