Dans une note d’information publiée le 9 mai dernier, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) souligne le mauvais état de la nature en Europe et presse pour plus d’actions en faveur de la restauration.
Les zones naturelles mises sous pression en Europe
Le rapport de l'AEE montre que l’état de la nature se dégrade en Europe : 81% des habitats protégés, 39% des oiseaux et 63% des espèces protégées sont qualifiées comme étant en mauvais état. Le rapport dénonce le manque de protection des zones et espèces protégées, dont la situation se détériore. Plusieurs facteurs contribuent à cette perte de biodiversité, comme les activités agricoles, l'artificialisation des sols, l'urbanisation et la pollution qui détruisent les habitats, notamment des espèces pollinisatrices. La chasse illégale fait aussi pression sur les oiseaux migrateurs qui sont de moins en moins nombreux.
Une telle altération de l’environnement met en danger l'entièreté de l’écosystème. De fait, le changement climatique risque de s’accélérer, entraînant la plus grande fréquence d’événements climatiques extrêmes.
Pour préserver la biodiversité, les zones protégées sont essentielles. Elles assurent une protection de long terme de la nature et préviennent de la dégradation future de l’environnement. Ces objectifs peuvent être atteints grâce à une meilleure régulation des activités autorisées dans ces zones. Le rapport pointe également la nécessité de mettre en place des politiques de restauration afin d’inverser la tendance du changement climatique et de permettre à l’écosystème de retrouver une bonne condition. La restauration comprend un ensemble de mesures passives et actives qui peuvent être mises en place dans et en dehors des zones protégées. Les résultats visés sont une amélioration de l'état de la biodiversité et une plus grande résilience des écosystèmes.
Des bénéfices environnementaux et économiques
Selon l’Agence européenne de l’environnement, les mesures de restauration conduiraient à d’autres bénéfices, en plus de l’amélioration de la résilience de la biodiversité et du ralentissement du changement climatique.
Alors que l’AEE estime le coût des mesures à instaurer à 156 milliards d’euros, les bénéfices financiers escomptés seraient de 1 860 milliards d’euros. La restauration des espaces naturels européens permettrait également de garantir une meilleure sécurité alimentaire grâce à l’amélioration de l’état des sols. Une évolution positive de l'état de la nature en Europe conduirait enfin à une amélioration de la santé et de la qualité de vie des européens avec notamment une baisse de la mortalité liée aux maladies chroniques.
Des actions nécessaires pour protéger la nature
Au niveau européen, la Commission européenne a proposé en 2022 un nouveau Règlement de restauration de la nature, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie européenne en faveur de la biodiversité à l'horizon 2030. Ce dernier, actuellement discuté par le Parlement européen et par le Conseil de l’UE, prévoit la mise en place de mesures de restauration de la nature sur au moins 20% du territoire terrestre et maritime européen d’ici 2030. D’ici 2050, ces mesures seraient étendues à tous les espaces naturels altérés en Europe. Cette loi de restauration est majeure de par sa couverture de tous les écosystèmes de l'UE : les zones humides, les cours d'eau, les forêts, les prairies, les écosystèmes marins, les milieux urbains, et les espèces qu'ils abritent. La proposition de la Commission vise notamment à inverser le déclin des populations de pollinisateurs, à augmenter les espaces verts urbains, à générer une augmentation globale de la biodiversité, à restaurer les habitats marins et à supprimer les obstacles présents sur les cours d'eau.
Malgré l'aspect essentiel de cette législation face au changement climatique et à la perte de la biodiversité, elle est remise en question par le Parlement européen et par certains Etats membres. Ainsi, les eurodéputés de la commission agriculture, le 23 mai, et de la commission pêche, le 24 mai, ont rejeté la proposition de Règlement. Ces derniers craignent notamment une plus grande dépendance alimentaire en raison des mesures de préservation des terres européennes. Certains Etats membres freinent également l'adoption du Règlement de restauration de la nature, le Premier ministre belge a par exemple appelé, le 22 mai dernier, à faire une pause dans la législation européenne en matière de normes environnementales, suivant les propos tenus par le Président français le 11 mai.
Plus d'informations
Plus d’informations dans le rapport de l’Agence européenne de l’environnement.