Prague sera la boussole du Conseil de l'UE à partir du 1er juillet et ce jusqu'à la fin de l'année 2022. Prenant la suite de la France, la République Tchéque assumera la seconde présidence tournante du Conseil de l'UE de son histoire. Si en 2009, elle avait eu à gérer le point d'acmé de la crise financière et économique qui frappait l'Europe, cette nouvelle présidence est marquée par l'invasion russe de l'Ukraine, obligeant Prague à revoir ses priorités pour les six mois à venir.
Le soutien à l'Ukraine, priorité absolue de la présidence tchèque
Initialement engagée sur un programme en trio avec la France qui la précède et la Suède qui lui succède, la présidence tchèque a la tâche immense de devoir adapter son programme de travail et ses priorités à une situation qui n'a plus été aussi critique en Europe, depuis la Seconde guerre mondiale. La Présidence tchèque fait ainsi du soutien à l'Ukraine, une priorité absolue et d'emblée, Mikuláš Bek, Ministre tchèque des affaires européennes a tenu à préciser que la présidence tchèque soutenait l'octroi, le plus rapidement possible, du statut de candidat à l'adhésion à l'UE, à l'Ukraine. Un avis qui va dans le même sens que la recommandation adressée par la Commission européenne aux Etats membres, le 17 juin 2022.
La République tchèque soutient également la mise en œuvre de sanctions les plus poussées et complètes possible à l'encontre de la Russie, elle souhaite garantir un soutien humanitaire, militaire et financier total à l'Ukraine et accorder aux réfugiés ukrainiens la protection la plus totale. Les priorités de la Présidence mentionnent également l'apport d'un soutien conséquent à la reconstruction de l'Ukraine, une fois la guerre terminée. Un horizon qui, sans doute, sera également celui de la Présidence suédoise du Conseil de l'UE.
La sécurité énergétique et la fin de la dépendance aux énergies fossiles russes
Conséquence des sanctions prises à l'encontre de la Russie, la souveraineté énergétique, sera, comme durant la seconde moitié de la Présidence française de l'UE, une autre priorité. La mise en œuvre du plan REPowerEU et une nouvelle règlementation sur le stockage du gaz et les enjeux de souveraineté liés constituent des axes primordiaux de la Présidence tchèque durant les six prochains mois. Une réflexion sera également portée sur la mise en place d'instruments permettant une baisse du coût de l'énergie. Enfin, fait important, la République tchèque considère la sécurité énergétique comme plus importante que le respect des objectifs de la transition énergétique.
Renforcer la défense européenne et la cybersécurité
Prague devrait poursuivre ce qui tenait sans doute le plus à cœur de la Présidence française, à savoir, la continuation de la construction d'une Europe de la défense au travers notamment de la poursuite de la constitution d'une boussole stratégique de l'UE. Plus particulièrement, la lutte contre les menaces hybrides telles que la désinformation, l’ingérence étrangère et les perturbations dans le cyberespace constitue l'axe principal de travail de la Présidence tchèque. La cybersécurité, également, sera l'autre point d'attention de la Tchéquie, en particulier le déploiement d'un système de communication spatial propre à l'UE, garantie de sa pleine souveraineté sur le cyberespace.
La résilience de l'économie européenne et de ses valeurs
Autre priorité de Prague, la résilience économique de l'UE en approfondissant le marché intérieur notamment par l'achèvement du portefeuille européen d'identité numérique et d'un marché des données numériques équitable comme prévu dans la loi sur les données. De plus, la République tchèque souhaite encourager les investissements dans les technologies stratégiques afin de garantir l'autonomie de l'Europe dans ces domaines, garants de l'avenir géopolitique de l'Union. A ce soutien ciblé doit s'ajouter la mise en place de nouveaux partenariats internationaux stratégiques comme avec le Chili, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande.
Enfin, dernière priorité pour la Présidence tchèque du Conseil de l'UE, la "résilience des valeurs européennes" afin "de garantir le respect des libertés et des droits fondamentaux dans le monde numérique" en promouvant des pratiques centrées sur l'humain, faisant ici référence, notamment à l'intelligence artificielle. Autre axe d'action, , la République tchèque compte se pencher sur le renforcement de l'Etat de droit dans l'UE en mettant l’accent sur la transparence du financement des partis politiques, l’indépendance des médias et le dialogue ouvert avec les citoyens. Néanmoins, Prague s'est opposée, sauf "forte volonté" à une réforme des traités européens pourtant mentionnée par la Présidence française et surtout, par la Conférence sur l'avenir de l'Europe. La Présidence tchèque prévoit 320 événements durant la présidence dont un sommet informel à l’automne et 14 réunions ministérielles informelles.
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Les priorités de la Présidence tchèque du Conseil de l'UE