A la fin du mois de mars dernier, les résultats du « baromètre régional et local 2020 » a été publié, mettant l’accent sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les collectivités locales et régionales à travers l’Europe. A cette occasion, le président du Comité européen des Régions (CdR), Apostolos TZITZIKOSTAS, a souligné le rôle des « héros en première ligne de la pandémie : les maires, les présidents de Régions », qui « s’assurent du fonctionnement des hôpitaux et assurent différents services publics ».
D’après M. TZITZIKOSTAS, la reprise de l’UE, qui a beaucoup souffert de la pandémie, doit se faire avec solidarité « entre les Etats membres mais aussi à travers les frontières et les régions ». Le baromètre indique par exemple qu’en France, l’économie « a été particulièrement touchée […], son PIB enregistrant une chute de 19 % au second trimestre de 2020 ». De ce fait, « les collectivités locales devraient encourir en 2020 des pertes financières d’un montant de 7,5 milliards d’euros ». Dans ce cadre, le président du CdR a insisté sur la nécessité que les fonds alloués dans le cadre du budget 2021-2027 et de la facilité pour la reprise et la résilience Next Generation EU soient axés sur les besoins réels des régions et des villes. A ce titre, le baromètre fait état des bonnes pratiques existantes dans différentes régions, et mentionne notamment le plan "former plutôt que licencier" de la Région Occitanie.
Le Président a également évoqué l’accès au numérique : des inégalités territoriales ont été mises en lumière par la pandémie. Actuellement, « seuls six Etats membres sont capables d’assurer la transition numérique ». D’après M. TZITZIKOSTAS, l’accès à Internet est indispensable pour éviter de creuser la division entre les villes et les campagnes.
La Covid-19 a également révélé les disparités existantes en termes de systèmes de santé et de soins hospitaliers entre les Etats : comme l’indique le baromètre, « pour 100 000 habitants, la France dispose de 11,6 lits dans des unités de soins intermédiaires et intensifs ; c’est au Portugal que cette capacité est la plus faible avec 4,2 lits, tandis que l’Allemagne vient en tête du classement, avec 29,2 lits. »
Le Président du CdR a ainsi estimé que la politique de cohésion était la solution à ces problématiques, et appelé la Commission et les autorités locales et régionales à « lancer une campagne conjointe » pour démontrer l’importance de cette politique dans l’UE. Il a également proposé l’organisation d’un forum annuel sur le cohésion et la résilience afin de discuter des résultats de Next Generation EU. Enfin, il a suggéré l’établissement d’un échange permanent entre les régions frontalières dans le domaine de la santé et des services d’urgence.
Le soutien des collectivités locales est essentiel ; non seulement pour des raisons économiques ou sanitaires, mais aussi démocratiques. Comme l’a souligné Apostolos TZITZIKOSTAS, « le million d’élus locaux et régionaux sont la fondation démocratique de l’UE ; ils rendent l’UE visible et réelle, plutôt que distante et inefficace ». En effet, la baromètre indique qu'en septembre 2020, « 54 % des Français faisaient confiance à leurs dirigeants locaux et régionaux », alors que « ce pourcentage se situait à 36 % pour les élus politiques nationaux et 39 % pour les responsables de l’UE ». Le Président a ainsi proposé quatre mesures pour favoriser cette confiance :
- Organiser conjointement des dialogues dans les villes et régions de l’UE pour discuter des besoins des citoyens européens ;
- Évaluer de manière permanente l’impact des décisions européennes sur les territoires ;
- Inclure une dimension régionale et locale dans l'état de l’Union ;
- Lancer un projet pour promouvoir les valeurs européennes, les identités et la citoyenneté, via l’éducation et la culture aux niveaux régional et local.