Tensions, divergences de vues et manque de confiance ; c’est sur ces bases fragiles que se sont ouvertes lundi 2 mars les négociations sur l’accord de relation future entre l’UE et le Royaume Uni, laissant ainsi planner le spectre d’un no deal à la fin de l'année 2020.
L’accord de sortie du Royaume Uni de l’UE désormais conclu, les deux parties s’apprêtent à discuter de leur relation future. Le premier cycle de cette négociation étendue sur un an se tiendra du 2 au 5 mars 2020 à Bruxelles.
A cette occasion, les équipes de Michel Barnier et de David Frost aborderont les modalités de cette future relation dans pas moins de 11 domaines d’action, parmi lesquels la pêche, les programmes européens, la mobilité et le commerce des biens.
Il s’ensuivra ensuite d’autres cycles réguliers de rencontres entre la Commission européenne et l’administration britannique à deux ou trois semaines d’intervalle les uns des autres et alternativement à Bruxelles et à Londres. Le second cycle se déroulera ainsi à Londres du 18 au 20 mars 2020.
En juin, un point sur l’avancée de ces négociations sera réalisé afin d’estimer la probabilité de conclusion d’un accord d’ici la fin de l’année 2020 conformément aux intentions de Bruxelles et de Londres. L’ambition partagée des deux capitales est de débuter dès 2021 une nouvelle forme de coopération multi-sectorielle.
Pourtant, si l’Union européenne et le Royaume Uni semblent s’entendre sur le calendrier de ces négociations, sa progression pourrait être contrariée pas d’importants désaccords de fond entre les deux parties. L’ouverture de ces cycles de négociations fut en effet précédée par l’exposé par les deux parties de stratégies de négociations remettant l’une et l’autre en cause les lignes rouges du partenaire.
De son côté, Michel Barnier a fait savoir que l’Union européenne conditionnera l’accès au marché intérieur européen à un alignement réglementaire de Londres sur l’UE, garantissant ainsi le non recours au dumping de la part des Britanniques et donc le maintien d’une libre concurrence. En plus, Londres serait tenu de reconnaitre la compétence de la Cour de Justice de l’Union dans les domaines de la future relation découlant du droit communautaire ou ayant trait à la sécurité.
Ces deux points ont entièrement été rejetés par le gouvernement britannique qui fait valoir son droit de dévier à l’avenir des normes européennes en vertu d’une souveraineté nationale retrouvée. L’équipe de David Frost est par ailleurs déterminée à obtenir de l’UE la conclusion d’un accord sur la pêche en dehors de l’accord global, ce que Bruxelles refuse.
Dans ce contexte de tensions et de désaccords, le bras de fer entre Londres et Bruxelles ne se semble pas prêt de prendre fin. Les deux parties devront pourtant travailler à l’obtention d’un compromis si le scénario du no deal veut être évité.