Dans le contexte de la guerre en Ukraine suite à l'invasion russe, les ports ukrainiens sont bloqués, rendant l'exportation de céréales ou d'autres produits agricoles impossible. On estime à hauteur de 40 millions de tonnes les céréales bloquées en Ukraine, dont la moitié doit être exportée avant la fin du mois de juillet. Cette situation met grandement en danger la sécurité alimentaire mondiale, et nécessite une action de développement de routes alternatives et différents modes de transports. Le 12 mai dernier, la Commission européenne a présenté une Communication établissant un Plan d'action pour les couloirs de solidarité UE-Ukraine afin de faciliter les exportations agricoles et le commerce bilatéral entre l'Ukraine et l'UE.
Des actions sur le court terme pour remédier aux insuffisances en matière de transport
Le principal défi pour l'exportation des céréales ukrainiennes est ainsi le blocage des ports ukrainiens, voie traditionnelle pour le commerce - les ports sur la mer Noire représentant environ 90% des exportation de céréales du pays en temps normal. Ainsi, l'utilisation de la voie ferroviaire entraîne de nombreuses complications dans le processus. Parmi ces difficultés, par exemple, l'écartement des rails : les wagons ukrainiens ne sont pas compatibles avec la majeure partie du réseau ferroviaire de l'UE. Ainsi, les marchandises doivent être transbordées dans des camions ou des wagons correspondant à l'écartement standard de l'UE. Ce processus prend du temps et les installations de transbordement le long des frontières sont rares. Actuellement, le temps moyen d'attente pour les wagons remplis de céréales aux frontières de l'Ukraine avec la Pologne et la Roumanie est de 5 à 6 jours - et peut atteindre 12 jours à certains postes frontières.
Afin d'exporter les 20 millions de tonnes avant l'été, des moyens doivent être développés pour accélérer ce processus, surtout afin de libérer des capacités de stockage avant la prochaine récolte. Cette situation invite à repenser la logistique et les chaînes d'approvisionnement, créer des capacités supplémentaires, actualiser et adapter les infrastructures afin de les rendre plus interopérables, réduire les contrôles inutiles aux frontières et acheminer les bonnes machines de transbordement au bon endroit.
Pour s'attaquer à ces difficultés sur le court terme, la Commission a travaillé sur des actions prioritaires.
D'abord, il est nécessaire d'agir sur la capacité des réseaux de transport et des terminaux de transbordement. Les expéditions d'exportation de produits agricoles ukrainiens devraient être prioritaires et les gestionnaires d'infrastructures devraient mettre à disposition des créneaux ferroviaires pour ces exportations. La conclusion d'un accord sur le transport routier avec l'Ukraine permettra également de supprimer les goulots d'étranglement. Pour encourager les transporteurs de l'UE à autoriser leurs véhicules à entrer en Ukraine, la Commission étudiera également les possibilités de garanties financières complémentaires.
Ensuite, dans le domaine des opérations douanières et autres inspections, la Commission invite les autorités nationales à faire preuve d'un maximum de souplesse et à assurer un personnel suffisant pour accélérer les procédures aux points de passage frontaliers.
Aussi, la Commission évaluera les capacités de stockage des marchandises disponibles dans l'UE et coordonnera son action avec celle des États membres afin de contribuer à obtenir davantage de capacités pour le stockage temporaire des exportations ukrainiennes.
En termes de matériel roulant, navires et camions de fret supplémentaires, la Commission invite les acteurs du marché européen à mettre d'urgence à disposition des véhicules supplémentaires. Afin de faire correspondre l'offre et la demande et d'établir les contacts nécessaires, la Commission a lancé le 3 juin dernier une plateforme logistique de mise en relation des entreprises ukrainiennes et européennes de divers secteurs (logistique, production, recyclage, import/export de produits agricoles, de matières premières et de produits alimentaires) afin d'identifier de nouvelles chaînes logistiques, de trouver de nouveaux partenaires, et de partager des bonnes pratiques.
Des actions sur le moyen terme afin d'améliorer la connectivité entre UE et Ukraine
La guerre et la crise qui en découle a révélé des failles dans les voies de connexion entre l'UE et l'Ukraine, un partenaire commercial majeur pour l'Union.
À moyen et long terme, la Commission s'est aussi engagée à accroître la capacité des infrastructures des nouveaux corridors d'exportation et établir de nouvelles connexions d'infrastructure dans le cadre de la reconstruction de l'Ukraine. Le prochain cycle d'appels à propositions du mécanisme pour une Europe connectée (CEF) permettra de soutenir des projets améliorant les liaisons de transport vers l'Ukraine, notamment les liaisons ferroviaires et les terminaux rail-route. Dans ce contexte, la Commission européenne a décidé d'anticiper l'ouverture de l'appel CEF Transport Mobilité Militaire 2022, actuellement ouvert jusqu'au 29 septembre 2022.
Aussi, la Commission a adopté une décision en vue de signer un accord de haut niveau avec l'Ukraine, mettant à jour les cartes du réseau transeuropéen de transport (RTE-T), dans le cadre de la politique de la Commission visant à étendre le RTE-T aux pays voisins.