La Commission européenne confirme que la directive NEC réduit efficacement la pollution atmosphérique, mais certains États membres peinent encore à atteindre leurs objectifs.
Contexte
La directive sur les engagements nationaux de réduction des émissions (directive NEC), en vigueur depuis 2016, constitue l’un des piliers de la politique de l’Union européenne en matière de qualité de l’air. Elle fixe à chaque État membre des objectifs chiffrés de réduction des principaux polluants atmosphériques – dioxyde de soufre (SO₂), particules fines (PM2,5), oxydes d’azote (NOx), composés organiques volatils non méthaniques et ammoniac (NH₃) – et impose la mise en place de mesures adaptées pour atteindre ces objectifs.
La directive s’inscrit dans un cadre plus large regroupant les directives européennes sur la qualité de l’air ambiant, la législation sur les émissions industrielles, ainsi que les politiques liées au climat, à l’énergie et aux transports, visant à réduire les impacts sanitaires et environnementaux de la pollution.
Malgré les progrès observés depuis les années 2000, la pollution atmosphérique reste un problème majeur en Europe : en 2023, près de 95 % des citadins européens étaient exposés à des niveaux de polluants supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et plus de 180 000 décès prématurés étaient attribuables aux particules fines.
Cette directive NEC vise donc à réduire les émissions de manière coordonnée et rentable, tout en laissant aux États membres la flexibilité de choisir les politiques et mesures les plus efficaces selon leur contexte national.
Des progrès significatifs pour la qualité de l’air
L’évaluation récente de la directive NEC montre que les politiques européennes de réduction de la pollution atmosphérique portent leurs fruits. Entre 2005 et 2023, les émissions des principaux polluants ont fortement diminué, notamment le dioxyde de soufre, en baisse de 85 %, tandis que l’économie européenne continuait de croître. Cette tendance illustre un phénomène important : la décorrélation entre croissance économique et pollution, prouvant qu’il est possible de concilier développement et protection de l’environnement.
En 2023, plus de 90 % des engagements nationaux avaient été respectés, et 19 États membres avaient atteint tous leurs objectifs pour l’ensemble des polluants. La directive NEC a joué un rôle clé en fixant des limites nationales d’émissions tout en laissant aux États membres la flexibilité nécessaire pour choisir les mesures les plus adaptées à leur contexte.
Des bénéfices tangibles pour la santé et l’économie
Au-delà de la réduction des émissions, la directive NEC génère des bénéfices considérables pour la santé et l’économie. Entre 2016 et 2025, la Commission européenne estime que les avantages des politiques de l’air pur atteindront 372 milliards d’euros, soit un rapport bénéfices/coûts d’au moins 4 pour 1.
Cette amélioration de la qualité de l’air a des impacts directs sur la santé : en 2023, le nombre de décès prématurés attribuables aux particules fines PM2,5 était de 182 000, soit une baisse de 57 % par rapport à 2005. Les Européens bénéficient donc non seulement d’un environnement plus sain, mais aussi d’une économie moins affectée par les coûts liés à la pollution et aux soins de santé.
Des défis qui persistent
Malgré ces avancées, certains défis demeurent. Huit États membres n’ont pas respecté certaines obligations fixées pour 2020, et plusieurs pourraient avoir du mal à atteindre leurs engagements pour 2030. Par ailleurs, 95 % des habitants des zones urbaines restent exposés à des niveaux de pollution supérieurs aux recommandations de l’OMS, soulignant l’urgence de renforcer les actions locales et régionales.
La directive NEC ne suffit donc pas à elle seule : la lutte contre la pollution nécessite une coordination renforcée entre toutes les politiques européennes, y compris celles relatives au climat, à l’énergie, aux transports et à l’industrie. L’innovation technologique, l’observation de la Terre et l’intelligence artificielle sont également des leviers essentiels pour mieux cibler les mesures et réduire encore les émissions.
Vers une politique européenne de l’air plus efficace
Les résultats de l’évaluation sont au cœur du cinquième Forum européen sur l’air pur, organisé début décembre 2025. Cet événement a réunit des décideurs, experts et acteurs de terrain pour réfléchir aux moyens de poursuivre la réduction des émissions, améliorer la communication sur les impacts sanitaires de la pollution et renforcer les investissements dans l’innovation.
La directive NEC demeure donc un instrument central pour la politique de l’air de l’UE, visant à protéger la santé, préserver les écosystèmes et améliorer la qualité de vie, tout en offrant aux États membres la flexibilité nécessaire pour répondre aux spécificités locales. Si les progrès sont indéniables, la vigilance et la coopération restent indispensables pour que l’Europe atteigne pleinement ses objectifs d’air pur.



