Le 21 juin dernier, les députés européens de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire (ENVI) ont adopté une résolution prônant l'adoption de nouvelles mesures afin de réduire l'utilisation d'antimicrobiens. Les eurodéputés ont souligné que l’utilisation prudente et correcte des antimicrobiens était indispensable pour limiter l’apparition de la résistance antimicrobienne (RAM) en santé humaine, ainsi que dans l’élevage et dans l’aquaculture.
Le principe "Une seule santé"
Suite à deux études du service de recherche du Parlement européen, une sur la résistance antimicrobienne et une sur les médicaments vétérinaires, les eurodéputés ont défendu le principe "Une seule santé" selon lequel la santé des humains, le bien-être des animaux et l’environnement sont interconnectés, et que les maladies se transmettent de l’homme à l’animal et inversement. Par conséquent, les maladies doivent être traitées tant chez l’homme que chez l’animal, tout en accordant une attention particulière à la chaîne alimentaire et à l’environnement, qui peut être une source de micro-organismes résistants.
Chaque année dans l’UE, la résistance antimicrobienne (RAM) est responsable d'environ 25 000 décès et coûte quelque 1,5 milliards d'euros de dépenses de santé supplémentaires. Son augmentation est due à un certain nombre de facteurs, telles que l'utilisation excessive et inappropriée d'antibiotiques chez l'homme, la surutilisation vétérinaire chez le bétail et les mauvaises conditions d'hygiène dans les établissements de soins de santé ou dans la chaîne alimentaire. Le manque de sensibilisation demeure également un facteur clé: 57 % des Européens ignorent que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus, 44 % ignorent qu'ils sont inefficaces contre le rhume et la grippe. Il existe des différences significatives entre les pays de l'UE en ce qui concerne l'utilisation des antimicrobiens, l'apparition d'une résistance et la mesure dans laquelle des politiques nationales efficaces en matière de RAM ont été mises en œuvre.
Les pistes évoquées par les députés européens
Dans leur résolution, les députés de la commission ENVI ont évoqué les mesures suivantes afin de réduire l'utilisation d'antimicrobiens :
- Restriction de la vente d’antibiotiques par les professionnels de la santé humaine et animale ;
- Suppression de toute incitation à leur prescription ;
- Lutte contre les ventes illégales et contre les ventes sans prescription d’antimicrobiens dans l’UE ;
- Le Parlement a demandé à la Commission une étude sur la mise en place d'une collecte et d’une transmission régulières obligatoires des données de surveillance au niveau de l’Union ;
- Élaboration d'indicateurs des mesures de progrès ;
- Élaboration d'une liste européenne des agents pathogènes prioritaires tant pour l’homme que pour l’animal, fixant ainsi clairement les priorités futures en matière de recherche et de développement ;
- Mesures d’encouragement pour stimuler les investissements dans de nouvelles substances ;
- Renforcement des mesures de prévention, comme une bonne hygiène, afin de réduire la demande en antibiotiques pour l’homme ;
- Mise en place d'étiquettes faisant référence à l’utilisation antibiotique, afin de mieux informer les consommateurs européens.
Selon l'eurodéputée autrichienne Karin KADENBACH (S&D), rapporteure pour le plan d’action "une seule santé", "Si rien n'est fait, la résistance aux antimicrobiens pourrait causer plus de décès que le cancer d'ici 2050. Nous devons commencer par examiner l'ensemble du cycle, car la santé des humains et des animaux est interconnectée. Les maladies se transmettent de l'homme à l'animal et inversement. C'est pourquoi nous soutenons l'approche holistique de l'initiative ‘une seule santé’. Les États membres de l'UE traitent ce problème de différentes manières, c'est pourquoi nous demandons à la Commission européenne d'envisager la collecte et la soumission obligatoires de données de surveillance au niveau de l'UE et d'établir des indicateurs pour mesurer les progrès réalisés dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens".