Le 31 octobre 2019, la Commission européenne a publié son rapport 2019 sur les progrès de l’UE en matière d’action climatique. Le rapport indique que, dans son ensemble, l’UE a réduit de 23 % ses émissions de carbone en 2018 par rapport au niveau de 1990. En ce sens, l’Union est en avance sur son objectif, fixé à -20 % pour 2020. Les émissions dans les secteurs couverts par le Système d’échange de quotas d’émissions de l’UE (la production d’électricité, de chaleur et l’industrie principalement) ont baissé de 4,1 % en 2018 comparé à 2017. Celles dans les secteurs non-couverts, tels que le transport, les bâtiments, l’agriculture et la gestion des déchets, ont elles été réduites de 0,9 %.
Cependant, la Commission européenne a mis en avant plusieurs motifs d’inquiétudes. Premièrement, elle estime que l’Allemagne, l’Autriche, l’Irlande et Malte dépasseront les limites d’émissions fixées pour 2020 par la Décision sur le Partage des Efforts. Deuxièmement, les émissions du secteur du transport ont augmenté de 0,5% sur la même période. Ce chiffre ne tient pas compte de l’aviation internationale, qui a vu ses émissions augmenter de près de 20 % sur les cinq dernières années. Par ailleurs, alors que la Directive sur la Qualité des Carburants requière une réduction de l’intensité des gaz à effet de serre des carburants utilisés pour le transport de 6% en 2020 par rapport à 2010, les résultats n’atteignaient que 3,4 % en 2017. La Commission indique que des efforts supplémentaires sont nécessaires dans tous les États membres sur ce sujet, tout comme sur le développement et l’adoption des véhicules utilisant des carburants alternatifs. Troisièmement, les puits de carbone ont été beaucoup moins efficaces, capturant 40 % de carbone de moins qu’il y a cinq ans principalement à cause au déclin des forêts en tant que puits de carbone. Enfin, l’Union dans son ensemble est en retard sur la mise en œuvre des mesures d’efficacité énergétique.
Quelques points positifs sont malgré tout à signaler. Les prix sur le marché du carbone européen ont augmenté en 2018, générant des revenus records pour les États membres, à hauteur de 14 Mds €. 70 % de ces revenus devraient être dépensés en faveur de l’action climatique, bien au-delà des 50 % imposés par la législation européenne. De plus, malgré le nombre encore limité de projets de Capture et Stockage du Carbone (CCS) à échelle industrielle, les États membres continuent de soutenir la recherche, les projets de démonstration et la collaboration européenne sur ces technologies qui présentent un intérêt certain dans la lutte contre le changement climatique.
De façon générale, la Commission européenne met en avant dans ce rapport la nécessité de mettre en place des mesures supplémentaires pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE pour 2030. Suite à l’adoption du Règlement sur la gouvernance de l’union de l’énergie et de l’action pour le climat en décembre 2018, les États membres ont l’obligation d’élaborer des Plans Nationaux pour l’Énergie et le Climat (PNEC) pour la période 2021-2030. Les PNEC finaux doivent être soumis à la Commission européenne fin 2019.