Le 30 novembre dernier, la Commission européenne a présenté un ensemble de mesures visant à mettre en œuvre les objectifs énergétiques et climatiques qu’elle s’est fixée pour 2030 et ainsi respecter ses engagements pris à Paris.
Ce vaste paquet de propositions, visant à accélérer la transition de l’UE vers un système énergétique propre et décentralisé, repose sur la révision de huit législations concernant les renouvelables, l’efficacité énergétique et la performance énergétique des bâtiments, le marché de l’électricité et la sécurité d’approvisionnement en électricité et des règles pour un système de gouvernance de l’Union de l’énergie.
Il présente également une nouvelle piste pour l’écoconception, ainsi qu’une stratégie pour la mobilité connectée et automatisée. Des mesures sont par ailleurs prévues pour accélérer l’innovation dans l’énergie propre et la rénovation des bâtiments, pour atténuer l’impact sociétal de la transition énergétique et pour s’attaquer à la pauvreté énergétique.
Toutes ces propositions visent la réalisation de trois objectifs :
- Donner la priorité à l’efficacité énergétique;
- Parvenir au premier rang mondial dans le domaine des énergies renouvelables;
- Offrir des conditions équitables aux consommateurs.
En matière d’efficacité énergétique, la Commission souhaite fixer un nouvel objectif contraignant de 30% à l’horizon 2030, venant remplacer l’objectif indicatif actuel de 27%. Elle prévoit d’améliorer la directive actuelle sur l’efficacité énergétique en prolongeant au-delà de 2020 l’obligation relative aux économies d’énergie (1,5% par an pour les producteurs et distributeurs). Elle propose également de modifier la directive sur la performance énergétique des bâtiments, en encourageant le recours aux TIC et autres technologies. Dans ce domaine, 10 milliards d’euros d’investissements supplémentaires devraient notamment être mobilisés d’ici 2020, grâce à une nouvelle initiative « Financement intelligent pour un bâtiments intelligents ».
Concernant les énergies renouvelables, l’objectif de 27% de l’énergie consommée dans l’UE d’ici 2030 est maintenu. La Commission prévoit d’améliorer la directive sur les énergies renouvelables et notamment mettre un terme au soutien des énergies les plus matures (cela ne concernera pas les plus récentes, telles que l’éolien offshore et les énergies marines). Elle propose également une réduction progressive de 7% à 3,8% de la part des biocarburants de première génération, dans la consommation des transports entre 2020 et 2030.
Enfin, les consommateurs occupent une place centrale dans ces nouvelles propositions. La Commission souhaite renforcer leur accès à l’information, améliorer le déploiement de compteurs intelligents et lutter contre la précarité énergétique.
Il faut donc noter que le paquet a été globalement reçu de façon positive. Quelques aspects font toutefois l’objet de réactions. Au Parlement européen, la majorité des groupes plaident pour une ambition plus forte pour les renouvelables et l’efficacité énergétique. Le PPE demande toutefois à ce que d’autres énergies soient prises en compte, telles que le nucléaire, la géothermie, l’hydraulique et le biogaz. D'autres acteurs se mobilisent. A titre d'exemple, les organisations et coopératives agricoles de l’UE sont mécontentes de l’objectif biocarburant, trop faible selon elles.