La 3e Conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue du 13 au 16 juillet 2015 à Addis-Abeba (Ethiopie), s’est clôturée par un accord en demi-teinte source de déception pour les acteurs de la société civile, mais de satisfaction du côté de l’Union européenne et des Etats membres.
En effet, au cours des trois jours de négociations qui se sont déroulés entre les 193 pays membres de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et les parties prenantes de la coopération au développement, plusieurs sujets ont été évoqués sans pour autant trouver d’entente.
Au premier chef de ces sujets figure l’évasion fiscale. Celle-ci constituait un enjeu majeur au vue de l’importance des flux financiers perdus pour le développement chaque année, de l’ordre de 100 milliards d’euros, selon l’ONU. D’où la mobilisation des pays du Sud notamment, et des ONG afin de mettre en place un comité intergouvernemental permanent au sein des Nations-Unies en charge de gérer les questions de fiscalité. Or, cette revendication n’a pas trouvé d’écho auprès des pays du Nord. Christian Reboul d’Oxfam France a ainsi déclaré à ce sujet : « Nombre d’Etats dont la France, ont bloqué la création d’un organisme fiscal intergouvernemental qui aurait permis aux pays développés et en développement de redéfinir sur un pied d’égalité les règles fiscales internationales ». En guise de consolation, les conclusions vont toutefois permettre de donner plus de compétences au comité d’experts de l’ONU sur la fiscalité.
Autre élément de déconvenue : le manque d’engagement vis-à-vis de l’objectif d’atteindre 0,7% du PIB en faveur des politiques de développement, dont l’échéance prévue pour cette année a été repoussée à 2030, sans définir de calendrier échelonnant les différentes étapes permettant sa réalisation.
A la suite de ces déceptions, le Président de Coordination Sud (Coordination nationale des Organisations Non Gouvernementales françaises de solidarité internationale), Philippe Jahshan, a quant à lui indiqué : « Les débats ont manqué d’ambition politique et ont été bien trop dominés par des considérations technocratiques. Les jeux des négociations et les calculs des États ont pris le dessus sur les enjeux de fond et cela au péril des peuples et de leur avenir. Nos gouvernements n’ont pas été à la hauteur de leurs responsabilités. Une occasion historique est passée ».
A l’inverse, l’Union européenne représentée principalement par le Commissaire en charge du Développement, Neven Mimica, salue l’accord final : « Cet accord pose les fondations solides pour les objectifs de développement durable à adopter à New-York en septembre, et pour l’accord climatique mondial à adopter à Paris en décembre ». Cette satisfaction se reflète également dans les déclarations du Secrétaire général des Nations-Unies Ban-Ki Moon : « Cet accord est une étape cruciale vers la construction d’un avenir durable pour tous […] Les résultats de la Conférence d’Addis-Abeba nous apportent la fondation d’un partenariat mondial redynamisé pour le développement durable qui ne laissera personne pour compte ».
Ainsi, les 2 prochains grands rendez-vous internationaux à venir en vue de redéfinir la politique mondiale de développement, à savoir la Conférence des Nations-Unies pour définir les futurs Objectifs de Développement Durable (ODD) et la Conférence des parties sur le changement climatique (COP 21) qui se tiendront respectivement à New-York en septembre et Paris en décembre, devront tenter de réconcilier les différentes parties prenantes pour s’assurer de l’efficacité de la mise en œuvre du nouveau cadre mis en place.
Plus d'informations: Plan d'action d'Addis-Abeba