Le projet de révision de l’accord de retrait de l’Union européenne par le Royaume-Uni a été approuvé le 14 septembre à la Chambre britannique, malgré la défection d’une trentaine de députés de la majorité conservatrice. Boris Johnson déclarait deux jours plus tard avoir toujours confiance dans la capacité du Royaume-Uni et de l’UE à trouver des compromis dans le délai imparti malgré les revirements de son gouvernement.
La présidente de la Commission Von der Leyen rappelait le 16 septembre que le Royaume-Uni ne pouvait modifier unilatéralement l’accord de retrait en vertu du droit international, décrivant les projets britanniques comme une « surprise désagréable ». Elle prend ainsi la suite du Président du Conseil de l’UE qui déclarait le 13 septembre que la crédibilité du Royaume-Uni sur la scène internationale était en jeu.
Les acteurs économiques affichent également leurs incertitudes face à cette situation. L’industrie automobile déclarait le 14 septembre que les pertes pour le secteur, dans l’UE et au Royaume-Uni, pourraient s’élever à 110 milliards d’euros dans les 5 prochaines années. De son côté, le président de l’association des fermiers irlandais a exprimé sa déception devant le manque de garanties offertes par la Commission sur les conditions effectives du Brexit.
Ces incertitudes s’ajoutent aux questions sur l’avenir de la frontière nord-irlandaise, menacée par le projet de révision. Le projet de révision entend que le gouvernement de Londres puisse prendre des mesures commerciales unilatérales en Irlande du nord, alors que ce territoire devait au moins temporairement rester soumis à une partie de la législation européenne pour éviter le retour à une frontière dure.
Dans une interview au « Sun » le 17 septembre, Boris Johnson expliquait que son projet de révision se basait sur sa volonté d’aller contre les abus des Européens, insistant sur le manque de « bonne foi », et la supposée menace de mettre en place un blocus alimentaire entre l’Irlande du nord et la Grande-Bretagne. La veille, le Secrétaire aux affaires étrangères Dominic Raab mettait en avant la responsabilité des Européens dans la situation en Irlande du nord, dénonçant une politisation de la question.
Outre-Atlantique, le Brexit est également un sujet de divisions entre démocrates et républicains. Le leader du camp démocrate à la chambre des représentants Nancy Pelosi déclarait la semaine dernière que tout nouvel accord commercial entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni était exclu face aux atteintes au droit international des revirements sur l’accord de retrait du Brexit. De son côté, le secrétaire d’État Mike Pompeo assurait le 16 septembre avoir confiance en Boris Johnson pour gérer le face à face avec Bruxelles, et trouver le « bon résultat ».
Les changements d’orientation du gouvernement britannique continuent donc d’exaspérer à Bruxelles à l’approche de la date limite du 15 octobre pour trouver un accord commercial, alors même que l’accord de retrait est à nouveau remis en cause.